Mexican Gothic

Roman fantastique de Silvia MORENO-GARCIA, traduit par Claude MAMIER (anglais Mexique), et publié par Bragelonne (2021), 346 pages. Mexican Gothic est un roman horrifique se déroulant dans un manoir anglais, mais au Mexique !


Noemi reçoit une lettre inquiétante de sa cousine, jeune mariée ayant emménagée récemment dans le manoir de son mari. Le père de Noemi l’envoi sur place pour comprendre de quoi il retourne. Mais en réchapperont-elles toutes les deux ?

Les fêtes chez les Tunon se terminaient toujours affreusement tard et, puisque les hôtes appréciaient les bals costumés, il n’était pas rare d’y voir des femmes vêtues en chinas poblanas, avec rubans dans les cheveux et jupe folklorique mexicaine, débarquer en compagnie d’un Arlequin ou d’un cow-boy.

Mexican Gothic – Première phrase, p7

En suivant Noemi a High Place, dans ce quasi hui-clos au allure de roman gothique – type Carmilla de Le Fanu, brouillard, jeune femme faible et malade inclus – préparez vous à plongez dans une ambiance lourde et méphitique. Ce n’est cependant pas un roman qui fait peur, mais plutôt malaisant.

L’autrice installe son décor petit à petit, l’atmosphère devenant de plus en plus sinistre au fur et à mesure que nous en apprenons plus, en même temps que Noemi, sur la famille, son histoire et ses secrets.

Malgré une première impression de frivolité et d’immaturité, Noemi est intelligente, forte tête et capable de se dépêtrer des pires situations. Elle sait garder la tête froide quand il le faut, même quand tout devient un peu trop oppressant. Elle ne s’en laisse pas compter (même par le machiavélique mari de Catalina) et oppose du répondant avec ses sorties piquantes. Elle est prête à tout pour sortir sa cousine de l’emprise où elle s’est retrouvée prisonnière. Quitte à tout brûler (même la domination masculine).

La famille Doyle, elle, est détestable, quasi dès le premier abord. Anciens propriétaires (et exploitants, dans tous les sens du terme) miniers dont la révolution mexicaine à eu raison, l’autrice aborde à travers eux le colonialisme, le racisme et l’eugénisme. Ces thèmes sont très bien intégrés dans un contexte historique et social tangible et réaliste. L’horreur n’est pas que là où on le pense.

Le seul membre de cette famille à sauver, c’est le jeune Francis, mais c’est un botaniste et mycologue il ne pouvait pas être foncièrement mauvais :)

Bon on sent quand même bien que le lieu où prend place la majorité de l’histoire, le manoir, sombre, humide et décrépit (à l’image de la famille qu’il abrite) à un truc louche lui même. De par les descriptions de
Moreno-Garcia il est quasi personnifié, et ça ne donne pas envie de traîner dans les couloirs. J’hésitais entre fantômes et hallucinations. Et… c’est pire.

Je dirais que ce roman tire peut-être un peu vers le (new) weird même si je ne suis pas une spécialiste du genre. Je n’ai pas trop compris l’insistance de l’autrice sur l’emblème de la famille, c’était un indice un peu trop évident. J’ai malgré tout bien aimé l’explication finale de la situation, très howardienne en un sens.

Le gros plus de ce roman reste l’ambiance. Il y a un côté onirique, perte de contrôle et de la notion de réalité, et aussi un côté grotesque dans le « gore » (notamment une scène avec le vieil oncle, ugh). On a même la scène de fuite du manoir dans le brouillard pour le côté roman gothique. En tout cas, ce fut un plaisir de le lire pendant la période adéquate au mois d’octobre.


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