[#PLIB2022] Fleurs d’Oko
Premier tome d’une série de fantasy, par Laëtitia DANAE chez Snag fictions (2021), 423 pages.
Fleurs d’Oko est un roman prenant place dans un monde baigné de magie issue des croyances de pays africains.
La brousse menace le royaume et il est décidé que de nouveaux mages doivent être formés à la cour.
Nous suivons Oko, jeune fille méprisée par sa tante qui souhaite apprendre à maîtriser ses pouvoirs auprès du plus grand des mages, à la cour de la reine. Elle affrontera sa première épreuve avec sagacité et découvrira que son souhait ne sera pas si aisé à réaliser.
Voici ce que j’ai vu. Il y avait une femme. On appelait cette femme Mama Zayenda.
Première phrase – Fleurs d’Oko, Laëtitia Danae
A travers la découverte de la magie et des intrigues de cour, l’autrice nous expose intelligemment son monde et comment il fonctionne. J’ai été très intrigué par la cosmogonie et contente de découvrir différentes divinités des croyances de certains pays d’Afrique. J’avais déjà eu un aperçu avec Nos jours brûlés de Laura Nsafou, et ça fait plaisir de voir des univers prendre place dans des contrées, même imaginaires, imprégnées d’autres cultures qu’européennes ou américaines.
A chaque début de chapitre sont présentées des citations de griottes. J’ai fait ma curieuse et découvert ce que c’était : c’est un ou une dépositaire de l’histoire par la tradition orale, musicale et poétique de sa communauté. Iel est attaché/e à la cour seigneuriale et y joue un rôle très important.
A l’origine cela se dit djèli dans la société mandingue et ça m’a fait sourire parce que j’ai tout de suite pensé à P. Djèli Clark (oui je suis ce genre de personne étranges). En tout cas, c’est un processus que j’aime beaucoup pour découvrir un univers sans en mettre des tartines.
Le worldbuilding m’est donc apparu travaillé et l’autrice parvient tout de même à conserver certains mystères pour la suite (en premier lieu, nous ne savons toujours pas trop ce que représente la brousse par exemple).
J’ai bien apprécié la personnage principale Oko. En tant que botaniste ratée, le fait que sa magie vienne des plantes me l’a tout de suite rendue sympathique. On sait qu’elle est un peu spéciale parce que normalement la magie est réservée aux hommes, mais elle n’est pas unique en son genre donc ce n’est quand même pas le trope un peu éculé de l’élue. Elle ne maîtrise pas instantanément ses pouvoirs et rencontre quelques difficultés au début de son apprentissage, notamment d’intégration, mais ne se laisse pas abattre et sais se faire confiance.
Par contre, j’ai trouvé dommage la rivalité exacerbée entre les deux seules jeunes femmes ayant intégrées le groupe des apprenti/es. Un peu de sororité ne ferait pas de mal puisque la compétition entre tous et toutes est présente de base (vu qu’il ne doit en rester qu’un/e à la fin).
Laëtitia Danae profite aussi de son récit pour aborder les notions de mépris de classe, sexisme et colorisme, dont la cour royal n’est pas exempt. A la fin de ce premier tome, nous comprenons que notre personnage principale n’est peut-être pas arrivée jusque là par hasard, et que c’est un peu plus complexe que ce qui nous semble.
Nous avons donc un récit d’apprentissage somme toute classique mais agréable à lire. Et surtout il propose un univers, une magie et des thèmes qui ont le mérite d’être un peu plus originaux que ce qui nous est proposé dans le paysage éditorial français d’habitude et ça fait du bien.
De ce que j’ai compris, l’autrice a racheté les droits de son roman et a retravaillé ce premier tome pour le republier chez Hachette en 2023. Je vous conseille donc d’attendre un peu si vous avez envie de vous le procurer, mais je vous encourage bien évidemment à surveiller le travail de Laëtitia Danae.
J’ai lu Fleurs d’Oko dans le cadre du PLIB, et il a été sélectionné en tant que finaliste. Vous pouvez trouver d’autres avis chez Melisande, Adopt a librarian, Zoe (en avis flash)
Je suis d’accord avec toi sur la sororité qui manque dans ce roman. L’image des deux femmes rivales, c’est franchement dommage.
Tu as raison, c’est très agréable à lire et d’ailleurs ça se lit tout seul. Il y a en effet une magie et un contexte originaux, qui font du bien, cependant je regrette qu’ils n’aient pas été plus mis en avant. Je ne sais pas si cet aspect-là ressortira bien dans la nouvelle mouture, on verra.
Et merci encore une fois pour le lien :)