Resilient Thinking

Roman SF de Raphaël Granier de Cassagnac chez Mnemos (2022), 312 pages. Resilient Thinking est un récit post post-apocalyptique, où on rencontre une société de survivants et découvre son devenir.


Le début du roman nous dévoile comment se sont débrouillé/es et organisé/es les survivant/es de l’extermination de l’humanité, hors des bulles de survie sécurisées par les IA. Le récit se déroule quelques siècles après Thinking Eternity, mais il peut tout à fait se lire indépendamment (je ne garantie cependant pas que vous n’ayez pas envie de découvrir pourquoi l’humanité en est arrivée là). L’auteur nous fait suivre les 6 responsables de la communauté et montre comment iels vont réagir face à la rencontre d’un type provenant d’un groupe de survivant/es inattendu.

Je suis perplexe, commandante Schreiber, à un degré inédit depuis cent trente-huit année terrestres.

Resilient Thinking, première phrase – Raphael Granier de Cassagnac

Les IA sont toujours là, malgré les énormes réserves de nos personnages, et même si iels ont aidé à la survie. L’auteur semble nous mettre en garde sur la délégation des responsabilités que nous souhaitons faire et propose une utilisation raisonnée de ces IA, qui peut-être bénéfique sans que l’humanité ne soit entièrement tributaire de cette technologie.
Même si, je me dois de le rappeler, nous sommes actuellement trèèèèès très loin de ces IA de SF (pour un point factuel et rapide là-dessus, lire L’intelligence artificielle, fantasme et réalité de Marion Montaigne et Jean-Noël Lafargue dans la collection La petite BDthèque des Savoirs chez Le Lombard).

Vont être abordé/es au fil de la lecture, la survie, bien sûr, l’évolution et l’organisation des sociétés après l’apocalypse, la préservation des connaissances et technologies, l’adaptation aux conditions de vie, un peu de dynamique des populations, ainsi que , très rapidement, les conséquences de l’éternité pour des intelligences artificielles.

Et bien sûr, le choc des civilisations. Les différentes populations de survivants se rencontrent, mais quelles sont les conséquences (maladies, domination) ? Peuvent-ils prendre le risque de se faire confiance ? Qu’elles sont les priorités et les intérêts ? Qu’elle est la vérité sur l’extermination de l’humanité ? C’est là tout le sel de l’intrigue. Notamment parce qu’en fait, la survie à long terme d’un des groupes dépend de l’autre.
Mais encore, je retiendrais aussi la leçon que toute civilisation devrait retenir, qu’il faut savoir sentir le point de bascule d’un changement d’ère inévitable, l’accepter au risque de tout voir s’effondrer. Les meneurs doivent apprendre à lâcher prise sur le contrôle, assouplir les règles et laisser la place au renouveau, même si ça fait peur car on ne sait pas ce qui attend la communauté.

L’auteur nous donne plutôt un point de vu de lecteur omniscient, rythmant le récit en alternant les personnages. Je ne me suis pas particulièrement attachés à eux, sauf Shéhérazade qui est un peu la plus aventureuse et celle qui prend le plus de risques (je ne pouvais m’empêcher de me la représenter comme Chrisjen Avasarala, le personnage de The Expanse, série que je regardais à la période de ma lecture). Je me suis en fait plus souciée de la survie du groupe, de l’humanité, et l’auteur a su imposer une certaine tension qui met le doute, jusqu’à un certain point avancé de l’intrigue.

J’ai bien aimé le message d’espoir, que l’humanité peut s’en sortir même si elle n’est pas parfaite, car elle sait s’adapter dans la contrainte. Elle est résiliente. C’est un bel écho au titre du roman.

J’ai beaucoup moins aimé la partie des deux IA dans la boucle temporelle, avec viols à répétitions. Était-ce réellement nécessaire pour l’évolution de ces deux personnages ? J’ai en plus trouvé ça plutôt mal traité avec des tentatives de justifications et une phrase dans l’essence « c’est peut-être un peu sa faute, elle a accepté la première fois » uuurgh… Même si techniquement ce sont des IA, ça m’a un peu refroidit, surtout que derrière il n’y a pas vraiment de conséquences ? Bref, ce n’était il me semble absolument pas utile à l’avancement de l’intrigue, et l’auteur aurait pu faire l’effort de trouver autre chose pour « renouer avec son humanité perdue ».

J’avais lu de l’auteur Thinking Eternity que j’avais énormément apprécié à l’époque (quelques personnages sont d’ailleurs rapidement évoqués en clin d’oeil pour ceux qui l’ont lu). Je suis contente d’avoir eu l’occasion de lire ce titre plutôt optimiste et je remercie Mnemos pour l’envoie du service presse.


Vous pouvez lire d’autre avis pour compléter le tableau chez FeyGirl, Yogo, Tigger Lilly, Elwyn,

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